“Retourner au casse-pipe”, c’est sans doute l’expression qui colle le mieux à ce Trail de La Bouquetin 2017. Le Traileur a la mémoire courte, me voilà embrigader pour la deuxième année dans ce trail singulier qui arrache les poumons autant que les jambes : retour dans le Vietnam wallon…
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Démarrer ses compétitions 2017 par La Bouquetin, certains diront que ce n’est que pure folie, d’autre diront que c’est un choix judicieux. En réalité, on ne va pas à la Bouquetin pour gagner ! On y va pour se faire mal. Un point, c’est tout !
Et tu ne vas pas tout seul au casse-pipe ! Cette année, c’est des escouades de quatre mercenaires qui devaient se lancer ensemble dans cette mission suicide. Quatre, cela te permet d’être soutenu quand ça ne va pas mais c’est aussi et surtout la garantie de rigoler pendant 23 kilomètres.
Le parcours a changé au profit d’une boucle. Personnellement, je préférais le concept de la course en ligne de l’édition 2016. Oserais-je dire que c’est plus facile ? Diable, bien sûr que non !! On ne sait jamais à quoi s’attendre dans les sombres vallées de l’Ourthe !
Good Morning Vietnaaaaammm !
Ce Trail est comme une mine anti-personnelle : tu te lances dessus et tu finis en morceaux…
Montagnes russes
En fait, il faut être parfaitement armé pour affronter les à-travers-tout et autres murs dantesques. On n’y va pas la fleur au fusil. Certes, les quelques premiers hectomètres semblent faciles. Ils grimpent mais sont courables et les quelques mètres suivants permettent même d’allonger… Ce furent les seuls :D.
Dans ce conflit armé avec les éléments, il y a un pur produit d’importation soviétique : les montagnes russes. Je peux vous assurer que les organisateurs ont très bien compris le principe. Ça monte et ça descend sans cesse.
La Bouquetin est un champs de bataille où l’ennemi s’appelle dénivelé et bouillasse…
Droit dans la pente
Je reconnais déjà certains chemins empruntés l’année dernière en sens inverse. Bon dieu ! Qu’est ce qu’ils piquent dans un sens ou dans l’autre. Je me souviens notamment d’un mur au milieu d’un torrent de boue et de pierres. J’étais complètement HS. Ici, nous le descendons !
Lorsque nous l’avons abordé, pris d’une folie collective, nous l’avons dévalé à toute vitesse. Glissant, sautant, dévalant, accélérant notre impétueuse descente grâce aux cordes qui nous stabilisaient. Les pierres roulaient, les feuilles tombaient, les femmes pleuraient ! Bon c’est un peu exagéré mais ça donne le ton. Pour paraphraser le roi Loth, je dirais :
“Furor arma ministrat”, ça ne veut rien dire mais ça fait ressortir la tension dramatique de la situation !
Récupération oscillatoire
Récupération, dans cette guerre ouverte au dénivelé, ce mot est aussi rare qu’un “Tuc” perdu au milieu de traileurs… Il n’y a que des miettes… Après cette première volée de “up & down” machiavéliques, il est temps de reprendre son souffle… ou pas…
Le chemin s’élève et se jonche de pierres et roches diverses empêchant une récupération efficace. Puis, c’est un gué qui vient vous rafraichir les pieds pour vous jeter quelques secondes après dans un bain de boue.
Là comme ça, la Bouquetin prend des airs de cures thermales mais je peux vous assurer que j’en cherche encore les bienfaits !
Platoon
Après cette relative accalmie et retour furtif à la civilisation, il est temps de s’enfoncer dans cette tranchée “explose-cheville”. La boue est partout. Les arbres entravent le fin sentier sinuant dans cette goulotte boueuse et piégeuse.
Légèrement en faux plat, le dénivelé s’invite rapidement pour proposer un parcours du combattant. Il faut s’abaisser sous les troncs, les enjamber tout en s’assurant d’avoir un appui stable sur les pierres couvertes de mousses.
L’odeur est forte, soufrée même, pourtant point de Napalm mais de l’ail des ours embaumant l’atmosphère et ajoute une souffrance olfactive à la souffrance physique.
“C’est le Vietnam”, entends-je derrière moi – sans doute un lecteur de mon article de 2016. Et c’est le cas, les fougères et la végétation tombante offrent à ce vallon humide des airs de jungle vietnamienne. Cette ambiance nous poursuit pendant plusieurs kilomètres avec des sentiers tout aussi techniques.
Achevez les !
A ce moment-là, je dois vous avouer que je ne suis pas au mieux de ma forme. Une barre trop sucrée m’a filé une hypoglycémie réactionnelle du tonnerre réduisant mes maigres forces à néants. Les côtes, pourtant plus courtes, me paraissent interminables.
Chaque coup de cul, chaque montée est une calamité que mes jambes sans jus doivent pourtant avaler sans broncher. J’ai ainsi trainé ma carcasse pendant 45 minutes sans énergie qui, ironie de l’histoire, revenait dans la dernière côte boueuse et infernale avant l’arrivée.
Au loin, notre escouade peut percevoir les clameurs dans le lointain. La fin est proche. Nous sommes achevés… Nous avons évités les mines mais nos jambes sont explosées en mille morceaux…
La Bouquetin 2018 t’attend ! Tu t’engages ?