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    Bivouac au lac des Chéserys

    Il y a des bivouacs qui sortent du lot. Lorsqu’en cette mi-juillet, on décide d’aller randonner sur le balcon sud dans la vallée de Chamonix et faire un bivouac au lac des Chéserys, on avait une idée du paysage mais pas des lumières qui nous attendraient. Ce fut un flamboiement de couleurs et d’émotions. Ces quelques instants furent mémorables, indélébiles. Certes, nous n’étions pas seuls lors de ce bivouac, mais il y avait une communion dans la contemplation. C’était beau de voir toutes ces personnes vibrer à l’unisson face au spectacle de la nature. Vous venez ? Je vous emmène pour un bivouac au lac des Chéserys.


    La vacuité d’un bivouac

    Les montagnes ne servent à rien ! C’est bien vrai, pas plus que le confort vainement recherché dans nos villes. Les montagnes sont de l’art. Elles ne sont pas utilitaristes, elles puisent leur force bien au-delà, dans la sphère des émotions. Rien ne sert de les gravir, pourtant, amoureux transi de ces cimes, nous ne pensons qu’à ça. Cette fraction de vanité que l’on capte au sommet et qui s’évapore en un instant au profit de l’humilité est l’ultime quête.

    En fait, être en montagne, c’est une ascèse silencieuse, une élévation du corps et de l’âme, une ascension céleste. L’homme en montagne est religieux.

    Alors quand j’ai bivouaqué face au Mont Blanc, gravi quelques années plus tôt, j’ai compris quelques choses. J’ai compris que chaque sommet atteint est une force intime qui vous maintient les pieds sur terre et vous apporte l’émerveillement. J’avais gravi le plus haut sommet des Alpes. Pourtant, j’arrive encore à m’émouvoir d’un crépuscule sur ce géant tranquille et son armée de sommets. Le montagnard n’a pas besoin de la gloire, il se satisfait de la vacuité d’un bivouac, du bonheur de l’inutile et de ces instants suspendus aux limbes.

    Pour une lecture encore plus immersive de cet article, je te conseille d’écouter ceci :

    Bivouac au lac des Chéserys

    Randonnée et bivouac au Lac des Chéserys

    Départ de Montroc

    Cette randonnée sur le balcon sud, je l’avais déjà réalisée en 2015, à la journée. Ce fut sans doute l’un de mes premiers souvenirs de randonnée. De passage dans la vallée de Chamonix avec des amis, je voulais leur faire découvrir cette randonnée “classique” mais toujours aussi impressionnante avec cette vue presque permanente sur le Mont Blanc. Alors nous avons pris, nos sacs, notre tipi et avons décidé de prolonger l’expérience par un bivouac au niveau du lac des Chéserys. Le départ de Montroc, jusqu’à la moitié de l’ascension n’est pas très intéressante. Traversant principalement les sapins, la vue en est presque constamment bouchée. Par contre, une fois au dessus de la canopée, le spectacle peut commencer.

    C’est impossible de se lasser de cette vue sur les glaciers du Tour, d’Argentière, la mer de glace, les Bossons et Taconnaz et au dessus de ces derniers, le Mont Blanc dominant la vallée de Chamonix. Quel drôle de sentiment à le voir nous toisant ! En effet, je n’avais plus bénéficié d’une vue aussi claire sur le toit de l’Europe depuis mon ascension en 2017. Le ciel est complètement dégagé et la chaleur pesante. Je repense alors à ce froid mordant, presque polaire, que j’avais connu au sommet du Mont Blanc quelques années plus tôt. Justement, saviez-vous que, lui aussi, a perdu quelques mètres ? La faute au réchauffement du climat, c’est sans parler des glaciers en recul permanent.

    Le paysage est toujours aussi impressionnant que lorsque je l’ai découvert voilà dix ans ; mais il est tout aussi désolant… Tous ces glaciers en recul, ce Mont Blanc qui fond, cette chaleur écrasante. La vallée paie cher le prix du réchauffement climatique…

    Randonneur face au glacier d'Argentière
    Randonneur face au Mont Blanc et la vallée de Chamonix en contrebas
    Randonneur face au Mont Blanc et la vallée de Chamonix en contrebas

    L’attente d’un bivouac

    En fin d’après-midi, nous arrivons à proximité du lac des Chéserys où le bivouac est autorisé moyennant une déclaration à l’Office du Tourisme de Chamonix. Il est environ 17h et il y a déjà pas mal de monde et de tentes montées. Pourtant, la règle est simple : le bivouac c’est de 19h à 9h… Pas avant ! Les quelques randonneurs hâtifs auront d’ailleurs la drôle de surprise de voir débarquer les agents de la Réserve naturelle des Aiguilles rouges avec des amendes à la clé. Nous, de nôtre côté, on repère le lieu et on se pose au soleil à contempler le spectacle offert par la vallée de Chamonix, en attendant 19h. Après cette heure fatidique, on monte rapidement notre tipi et on avale notre lyophilisé afin de profiter au plus vite du jeu de couleurs.

    Pour la première fois depuis longtemps, je vais pouvoir m’abandonner à la contemplation. Il n’y a rien de plus beau que de prendre ce temps si précieux dans l’effervescence du quotidien, de prendre le temps de rien à part capturer les nuances infimes de cette féérie crépusculaire. Pourtant, ces instants ne peuvent être précieux que si l’effort les habille de mérite. Je fais partie de ceux qui croient que rien n’est acquis et que tout se mérite : la félicité au sommet par l’harassante marche, l’observation du sauvage par l’attente, le temps par le travail… L’apologie de la langueur n’est qu’un leurre. Le rêve et le fantasme ne sont pas des états, ils sont les moteurs de grands projets.

    Il n’y a rien de plus satisfaisant que de s’asseoir face aux montagnes et d’attendre un crépuscule aux milles couleurs après une exigeante journée d’ascension.

    Vallée de Chamonix au crépuscule
    Soirée au Lac des Chéserys
    Tipi Tentipi au Lac des Chéserys pour un bivouac face au Mont Blanc

    Bivouac flamboyant

    Alors que les ombres s’étendent, les derniers rayons du soleil colorent les sommets acérés du massif du Mont Blanc. Finalement, c’est toujours lorsque l’obscurité gagne du terrain que l’on savoure le plus le trésor de la lumière. Le crépuscule devient l’épitomé d’une vie. Il faut attendre les portes de l’obscurité pour se rendre compte que nous n’avons pas assez profité de la lumière. Alors on prend conscience de cette richesse, de ce cadeau, le crépuscule doit nous amener à profiter de chaque instant, chaque nuance de la vie. Les couleurs seront toujours plus éclatantes aux portes des ténèbres. Tâchons de nous souvenir, qu’elles le sont en toute heure. Cependant, être là aux portes de la haute montagne, au dessus du tourment des hommes, ne nous permet pas d’être supérieurs. Que du contraire, ce cadeau, cette contemplation révèle, à mes yeux, l’humilité de l’Homme face à la Nature, à la vie à la mort.

    Désolé pour cette digression quelque peu philosophique mais je reste persuadé que nous ne pouvons pas oublier l’impact de la Nature sur nos idées et nos émotions. La montagne est rude et magnifique. La dentelles des cimes tant convoitées est à la fois le fantasme absolu de nombreux hommes mais également la dernière demeure de certains malheureux. Nous restons tous le Icare de nos vies. À aspirer à atteindre nos rêves, on n’en vient parfois à se brûler les ailes. Cette recherche du beau et de l’absolue inutilité sommitale doit être modérée. La montagne a cela de magnifique : elles nous enseignent sur la vie, la mort et l’humilité qui nous en prémuni. La montagne est guérisseuse, la montagne est la vie.

    Le crépuscule fut flamboyant, embrasant chaque arête, chaque cime, chaque sommet du massif du Mont Blanc. Et lorsque le feu s’estompe l’obscurité gagne l’entièreté du massif, la nuit révèle alors les frontales des alpinistes partant à la conquête du Mont Blanc comme autant d’étoiles décrochées du ciel pour réaliser le rêve de ces montagnards.

    Crépuscule au Lac des Chéserys
    Crépuscule au lac des Chéserys
    Lac des Cheserys au crépuscule

    Passage au lac blanc

    Après ce magnifique bivouac face au Mont Blanc, nous sommes parmi les premiers à nous lever. Nous remballons le tipi et nous profitons de la quiétude du matin pour faire un dernier tour du lac de Chéserys avant de rejoindre le Lac blanc pour y petit déjeuner (on n’a que le bien qu’on se fait). Je n’ai clairement pas bu assez d’eau et l’ascension relativement courte me semble extrêmement longue. Comme hier, le soleil est haut dans le ciel et la chaleur fait rapidement son apparition. Dès lors, une fois arrivé au Lac blanc, je plonge ma gourde pour boire en conséquence. Malheureusement pour nous, le refuge n’est pas encore ouvert aux randonneurs. Alors, on se contente d’un petit tour pour contempler ce lac si photogénique.

    Puis, il est déjà temps de redescendre. Pas de téléphérique pour nous (c’est un principe), alors on file droit sur la Flégère puis la Floria et enfin Chamonix non sans s’émerveiller encore et toujours de cette vallée. Il n’y a rien à faire. Je pensais en être blasé après tant d’années à arpenter ces chemins. Il n’en est rien. Le Massif du Mont Blanc reste parmi les plus belles montagnes d’Europe. Je suis assez effrayé pour l’avenir et ces étés de plus en plus chauds. Je rêve d’un retour en arrière mais, je dois bien avouer, que plus le temps passe et plus mon cynisme prend le dessus. Alors je me mets à croire que ce genre d’article pourra vous donner envie de découvrir la vallée et de mettre tout en oeuvre au quotidien pour la ménager elle et l’ensemble de la Nature de cette planète.

    Arrivé au coeur de Chamonix à pied après une ou plusieurs journées en montagne aura toujours une saveur particulière. Vous venez de vivre une expérience unique, vous avez toisés les sommets et vous revenez, anonymes, dans la foule ignorante. C’est peut-être ça la richesse d’une vie…

    Montée vers le Lac blanc avec le lac de Chéserys en arrière plan
    Lac blanc face au Mont Blanc
    Randonneur descendant vers La Flégère

    Matériel

    Le matériel est toujours une affaire de compromis. Il répond à nos attentes mais dépendra des besoins de chacun. La liste que vous trouverez ici est, à mon sens, un bon point de départ.

    Randonnée

    Bivouac

    Lac blanc dans la vallée de Chamonix

    Parcours – Randonnée sur le Balcon sud dans la vallée de Chamonix et bivouac au Lac des Chéserys

    Afin de préserver le milieu, les parcours sont désormais payants au prix de 3€. Cela permet de financer le blog et de vous conscientiser à l’importance de prendre soin des chemins et infrastructures que vous empruntez ou utilisez. En effet, les parcours traversent souvent des zones sensibles et protégées.

    Merci de votre compréhension

    Lac des Chéserys au petit matin
    Julien
    Julienhttps://www.sentiersduphoenix.be
    Je m'appelle Julien, j'ai 34 ans. Je suis passionné d'aventures, de nature et de sports outdoor. Mon blog "Sentiers du Phoenix" est un peu comme mon feu de camps permanent autour duquel je te partage toute ma passion pour l’Aventure, le Trail et la vie en pleine nature. On part ensemble à l'aventure ?

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