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    Packraft sur la rivière Oulanka – Laponie finlandaise

    Aujourd’hui, je vous emmène en packraft sur la rivière Oulanka en Laponie finlandaise. Cette microaventure a pour théâtre une forêt infinie que seules rivières et lacs viennent perturber. Laissons nous voguer sur cette rivière traversant le Parc national d’Oulanka, passons un bivouac dans le silence sylvestre et empruntons le célèbre Karhunkierros. Vous me suivez ?


    Packraft sur la rivière Oulanka - Laponie finlandaise

    En enää yksin hallitse koskia ja metsää.

    Puitani koura kyltymätön repii juuriltaan.

    Kuka valtakuntani rajoja käydä uskaltaa, näin rikkoa iäisyyksien rauhaa?

    Korvessa monta asuu voimaa, vielä karhu kynsin teitäkin paikastanne muistuttaa.

    Je ne gouverne plus seul sur les rapides et la forêt.

    Une main si insatiable est en train d’arracher mes arbres.

    Qui ose franchir les portes de mon royaume, perturbant ainsi son calme éternel?

    Dans les bois vivent de nombreuses puissances, la griffe de l’ours n’a pas encore montré ta place !

    -Moonsorrow, Karhunkunsi

    Packraft sur la rivière Oulanka - Laponie finlandaise

    Parc national d’Oulanka – Laponie finlandaise

    Le Parc national d’Oulanka fait partie des 37 parcs nationaux que compte la Finlande. Perdu en Laponie finlandaise, au niveau du cercle polaire arctique et à 50km au Nord de Kuusamo, ce parc a été le théâtre d’une des plus belles expériences de mon voyage en Scandinavie. En effet, pendant deux jours et en totale autonomie, je suis parti avec mon packraft pour descendre la rivière Oulanka et revenir à mon point de départ via le célèbre Karhunkierros, le sentier de l’Ours. Ce fut une expérience aussi éprouvante qu’inoubliable !

    Comme tous les parcs nationaux en Scandinavie, tout est fait pour vous donner l’envie de vivre votre propre aventure. En effet, ils sont tous pourvus de nombreuses infrastructures comme des cabanes ou des abris non gardés et gratuits, des aires de barbecues et des sentiers bien balisés.

    J’aime cette philosophie de l’outdoor que l’on retrouve en Scandinavie et en Finlande. La nature fait tellement partie intégrante de leur vieque vous vous demandez pourquoi ce n’est pas le cas dans le sud de l’Europe.

    Packraft sur la rivière Oulanka - Laponie finlandaise

    Packraft sur la rivière Oulanka

    C’est ici en Finlande, au coeur de la Laponie, que je m’immergeais pour la première fois dans une nature véritablement et totalement sauvage. J’avais rêvé tellement de chose à propos de cette terre emplie de légendes et d’esprits tout droit sortis du Kalevala. J’avais imaginé la taïga à perte de vue, l’assourdissant silence de la forêt, ses esprits planant au dessus de la canopée ou encore le crépitement du feu sous un ciel infini.

    Dans les bois, l’explorateur pénètre dans un monde qu’il ne maîtrise plus. Royaume d’Ajattara, esprit sylvain démoniaque et de Tapio, le roi de la forêt, la forêt happe l’esprit du contemplateur. Lumière et obscurité, tu es le monde, tu es la Finlande…

    En ce début août 2018, je me retrouve ainsi à quelques kilomètres de la frontière russe. L’esprit embrumé par les légendes, je m’apprête à m’élancer pour une microaventure au coeur du royaume des ours et des lynx. Et, je suis bien décidé à vous emmener avec moi pour descendre la rivière Oulanka et remonter le Karhunkierros. Le récit de cette microaventure ne doit pas vous effrayer. Effectivement, il existe une multitude de sentiers qui vous permettront d’explorer les abords du parc sans pour autant devoir vous enfoncer au plus profond de la forêt !

    Packraft sur la rivière Oulanka - Laponie finlandaise

    Départ depuis l’Oulanka Visitor Center

    La rivière Oulanka se divise en deux parties. La première, la partie supérieure, oscille entre la classe I et la classe IV avec des rapides conséquents nécessitant une expérience que je ne possède pas. La deuxième, plus calme, est de classe I-II en été. C’est la raison pour laquelle, j’ai décidé de faire cette partie. Qui plus est, alors que la première est de 13km, la seconde fait 20km.

    Après avoir logé dans les bois, je gare la voiture à proximité du Oulanka Visitor Center. En effet, la zone d’embarcation se trouve à quelques encablures de là (1km). Elle évite ainsi une partie interdite à la navigation et constituée des derniers rapides infranchissables en packraft ouvert. Comme toujours en Finlande, tout est bien indiqué et propre. Il y a même une rampe de lancement installée pour les canoës.

    En quelques minutes, nos packrafts sont gonflés, prêts à affronter les terres sauvages des confins lapons…

    Packraft sur la rivière Oulanka - Laponie finlandaise

    Descente de la rivière Oulanka – Première partie

    Sans emphase, la rivière Oulanka serpente discrètement au fil des kilomètres jusqu’à la frontière russe. Nos packraft filent sans un bruit dans une solitude totale et unique. Pagaies à l’eau, tête en l’air ! La majesté de la rivière se révèle dans l’odeur des pins, le silence de l’horizon et les couleurs d’un crépuscule sans fin.

    Naviguer sur cette rivière, c’est entrer silencieusement dans le royaume des esprits et des ours. C’est embrasser toute l’humilité de ces paysages pour faire résonner son âme avec la sérénité forestière !

    Malgré la saison, un vent froid souffle dans la vallée. Ni lui, ni les quelques rapides rencontrés ne parviennent à couvrir le souffle étrange du packraft d’Aurélie… Nous accostons et constatons que ce dernier fuit depuis notre escapade dans les Lofoten. En un éclair, nous repensons aux fjords à la profondeur abyssal et regardons le bateau qui se vide de son air sans un mot. Nous le réparons rapidement et reprenons notre route, dans la solitude la plus totale.

    Packraft sur la rivière Oulanka - Laponie finlandaise
    Packraft sur la rivière Oulanka - Laponie finlandaise

    Descente de la rivière Oulanka – Deuxième partie

    Sanctuaire infini de l’ours brun et du lynx, les seigneurs sont restés cachés. Nous ne méritions pas de pouvoir les contempler. Il faut s’immerger bien plus que 48 heures et s’avancer encore plus loin dans la sauvagerie pour avoir l’honneur de les rencontrer. Par contre, les rennes ne sont pas timides et auront été les gardiens discrets de cette belle microaventure, apparaissant ça et là, au gré de notre progression.

    À mesure que nous avancions dans l’immensité de la taïga, la rivière Oulanka devient de plus en plus tortueuse. Abandonnant ses bras mourant aux alluvions, la rivière nous tendait des pièges. Il faut ainsi être prudent, choisir la bonne trajectoire pour ne pas se retrouver acculé à une myriade de débris ou de bancs de sable.

    Packraft sur la rivière Oulanka - Laponie finlandaise
    Packraft sur la rivière Oulanka - Laponie finlandaise

    Au fur et à mesure, Oulanka apparait à mes yeux comme une entité vivante. Son esprit m’enveloppe de son manteau de sauvagerie. Dorénavant, je fais partie de la forêt !

    Fin du périple sur l’eau

    Au programme de cette première journée, c’était 21km nous attendaient. En packraft, mine de rien, c’est assez long et exigeant. Le faible tirant d’eau des packrafts nécessite de pagayer constamment. De plus, la rivière Oulanka, souffrant de l’exceptionnel chaleur estival n’offre qu’un débit faible et certains passages sont juste infernaux à cause des bancs de sable. De toute évidence, la forêt a eu pitié de nous. C’est ainsi que, quelques kilomètres avant d’arriver à notre halte pour la nuit, le ciel s’est déchiré. La cime des arbres s’est alors parée d’or baignant toute l’atmosphère de ces mémorables ambiances où l’esprit, vagabond, ne sait s’il rêve ou s’extasie.

    Face à un spectacle aussi somptueux, le silence est de mise. Pas un mot ! La forêt fait écho aux rumeurs des légendes de jadis…

    Packraft sur la rivière Oulanka - Laponie finlandaise
    Packraft sur la rivière Oulanka - Laponie finlandaise

    Bivouac au milieu de nulle part

    L’aire de bivouac d’Alianemi

    C’est pourquoi, au soleil couchant, nous arrêtons notre aventure sur la rivière Oulanka, perdus dans cette terra incognita à quelques encablures de la frontière russe. Je me suis arrêté à cet endroit précis car un abri s’y trouve. Ce dernier est couvert et dispose d’une réserve à bois ainsi qu’une toilette sèche. Généralement, la majorité des canoës s’arrêtent ici. En effet, la zone de débarquement se trouve à quelques centaines de mètres de là. Pour nous, nous ne sommes qu’à la moitié de l’aventure. Demain, nous remontrons par le Karhunkierros jusqu’au point de départ.

    Comme partout en Scandinavie et a fortiori en Finlande, même au milieu de nulle part, vous trouverez des abris destinés aux voyageurs. Gratuits et libres d’accès, ces infrastructures participent aussi à la magie du voyage en Finlande. Malgré cela, nous avions pris notre tente afin d’anticiper tout imprévu. Au cas où d’autres voyageurs arriveraient, nous décidons de monter la tente afin de ne pas monopoliser l’abri inutilement.

    Packraft sur la rivière Oulanka - Laponie finlandaise
    Packraft sur la rivière Oulanka - Laponie finlandaise

    Céleste lumière

    Après avoir débarqués, je dégonfle les packrafts pour les faire sécher. Je ne peux m’empêcher de retourner sur le banc de sable pour contempler l’or du ciel. Ces couleurs m’obsèdent. Je suis comme un béat face à la lumière divine. Extatique, je veux capter chaque infime nuance, hésitant entre le prendre en photo ou le garder pour moi comme le trésor d’une aventure déjà fanée.

    Plus tard, seul sur le rivage, je contemple mon ombre. Elle me semble si étrangère, si différente. Soudain apparaissent un renne et son faon. Je les regardent pendant de longues minutes. Ils ne prêtent même pas attention à moi. Ici au milieu de ces bois, l’homme n’est rien. La société n’est plus qu’une vague rumeur qui se perd dans le vent.

    L’homme n’est qu’un vagabond, un vagabond des étoiles aussi vaniteux qu’une comète transperçant la nuit…

    Packraft sur la rivière Oulanka - Laponie finlandaise
    Packraft sur la rivière Oulanka - Laponie finlandaise

    Brasier ardent

    Sortant de mes pensées existentielles, je constate que cette société tant décriée est malgré tout tenace. Tout est prévu pour nourrir l’histoire de cette microaventure : abri, hache, bois, allume feu, … ! Rigoureusement, Aurélie et moi, nous affairons à couper du bois pour passer la soirée, faire à manger et chauffer le café. Enfin, nous pouvons nous poser, au coin du feu.

    Là perdus dans cette taïga infinie, à plusieurs jours de marche du premier village, je ressens pour la première fois l’ivresse d’être vraiment “into the wild”, en pleine nature. L’odeur du café est la seule chose qui me rappelle la civilisation. Je m’y accroche comme une madeleine de Proust éternelle. Loin de tout, l’homme n’a que ses souvenirs auxquels se rattacher… Et déjà, la nuit appelle le lendemain à la rescousse du jour.

    Le feu crépite. Les flammes dansent vers le ciel. Quel plaisir d’être ici, maintenant !

    Packraft sur la rivière Oulanka - Laponie finlandaise

    Retour par le Karhunkierros

    À travers la forêt primaire

    Après une nuit de total silence et malgré l’heure matinale, le soleil est déjà haut dans le ciel lorsque nous nous réveillons. Cependant, notre microaventure lapone est loin d’être terminée. En effet, après les 21 km de packraft de la veille, il nous faudra encore marcher presque 22km pour revenir au point de départ. Depuis l’abri, il n’existe pas de sentiers pour rejoindre le Karhunkierros ou sentiers de l’ours. C’est donc entièrement à l’azimut que je m’oriente à travers la forêt primaire.

    Chargé de presque 30kg (packraft, matériel de bivouac, matériel photo et nourriture), la traversée de 3km hors sentier fut un véritable calvaire. En effet, imaginez un sol jonchés de milliers de souches et d’arbres morts, le tout recouvert de mousse et de myrtilliers. Sans un minimum de lecture du sol, il est impossible d’avancer efficacement. Dans ces conditions, je cherche les sentes d’animaux afin d’accélérer notre traversée. Malgré cela, je trébuche, j’enjambe, je m’enfonce dans des trous ou dans les fanges cachées.

    Azimut, droit devant ! Follement le pensais-je ! Ici, la forêt est un palimpseste de verdures dont la lecture est aussi ardue que ces antiques manuscrits dont l’existence n’est maintenue que par la pensée vaporeuse des vieux sages…

    Packraft sur la rivière Oulanka - Laponie finlandaise

    Une pause bien méritée

    Il nous aura fallu 1h30 pour rejoindre le tracé du Karhunkierros. Heureusement pour nous, la suite du parcours se fera en grande partie sur caillebotis ce qui facilitera grandement notre avancée. Néanmoins, Aurélie et moi sommes déjà épuisés par cette traversée “à travers tout”. De fait, le poids du sac est vraiment pénible. C’est la raison pour laquelle nous décidons de nous poser et de nous faire une pleine kuksa de myrtilles et de camarines. En ce début août, les fruits jonchent littéralement le sol. Je dois bien vous avouer que ces myrtilles sauvages me font un bien fou !

    Effectivement, c’est un des gros avantages de la Scandinavie en été. Les forêts et montagnes regorgent de baies : myrtilles, camarines, mûres arctiques (cloudberry), airelles rouges,… Toutes ces baies en plus d’être succulentes sont surtout des “super aliments” plein d’anti-oxydants, faibles en sucre. Dès lors, ne vous étonnez pas de voir les scandinaves partir pour une journée de randonnée sans eau, ni nourriture car ils trouvent tout dans la nature !

    Myrtilles et camarines nous renvoient à l’essentiel : cueillir et avancer. Le mode binaire essentiel à l’homme.

    Packraft sur la rivière Oulanka - Laponie finlandaise
    Packraft sur la rivière Oulanka - Laponie finlandaise

    Remonter le Karhunkierros

    Le Karhunkierros, littéralement la boucle de l’ours, est sans doute la randonnée la plus célèbre de Laponie finlandaise. Pour vous donnez un ordre d’idée, c’est un peu le GR20 finlandais. Il traverse le Parc national d’Oulanka sur une distance de 82km. Malgré cela, ne craignez rien car, sur l’entièreté de la journée, nous avons peut-être rencontré une petite quarantaine de personnes. Pas de quoi crier à la surpopulation mais certainement plus que la veille où nous avons été seuls toute la journée.

    Il y a dans ces bois l’ambiance des frontières du monde. La Laponie finlandaise se vit, se ressent, se contemple.

    Néanmoins, je dois quand même vous avouer que je ne garde pas un souvenir impérissable de la remontée. Sans doute handicapé par le poids du sacs, les 22km qui nous reliaient au point de départ m’ont semblé long, long, long ! Je ne peux pas vous dire si les autres étapes du Karhunkierros sont fait du même bois mais celle-ci était assez monotone. Le sentier sur caillebotis est principalement forestier et seuls quelques lacs ou panoramas viennent rythmer le paysage.

    Packraft sur la rivière Oulanka - Laponie finlandaise
    Packraft sur la rivière Oulanka - Laponie finlandaise

    La boucle est bouclée

    Je pense que j’ai rarement eu si difficile à marcher 20km. C’est d’autant plus frustrant que le parcours ne possède presque pas de dénivelé. Les 30kg du sac m’ont littéralement tué alors que quelques jours avant je grimpais le Higravstinden, plus haut sommet des Lofoten avec aisance. Heureusement, plus on approchait du but, plus le sentier se dégageait offrant un tout autre point de vue à la rivière que nous avons descendue la veille. En effet, sur les derniers kilomètres, le sentier se rapproche de la vallée offrant aux randonneurs des paysages beaucoup plus dégagés si bien que cette dernière nous a carrément redonné du courage.

    On en avait tellement marre de marcher inlassablement dans cette forêt que la vue de la rivière et ensuite du lieu où nous nous étions élancé la veille nous a redonné du baume au coeur. Malheureusement, cela signifiait également la fin de notre microaventure. En effet, après s’ensuit directement le canyon infranchissable en packraft avant d’arriver au Oulanka Visitor Center. Point final à notre magnifique microaventure ! Honnêtement, si vous lisez ces lignes, c’est que cette histoire vous a plue et je ne peux que vous encourager à filer là haut vivre ces deux jours coupés du monde.

    Lorsque vous vous perdez dans cette nature vierge, vous reprenez le rôle qui est le vôtre : celui du rôdeur qui ne laisse comme seul trace que le timide murmure de ses pas…

    Packraft sur la rivière Oulanka - Laponie finlandaise

    Parcours – Packraft sur la rivière Oulanka et remontée par le Karhunkierros

    Afin de préserver le milieu, les parcours sont désormais payants. Cela permet de financer le blog et de vous conscientiser à l’importance de prendre soin des chemins et infrastructures que vous empruntez ou utilisez. En effet, les parcours traversent souvent des zones sensibles et protégées.

    Merci de votre compréhension

    Vidéo

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    Julien
    Julienhttps://www.sentiersduphoenix.be
    Je m'appelle Julien, j'ai 34 ans. Je suis passionné d'aventures, de nature et de sports outdoor. Mon blog "Sentiers du Phoenix" est un peu comme mon feu de camps permanent autour duquel je te partage toute ma passion pour l’Aventure, le Trail et la vie en pleine nature. On part ensemble à l'aventure ?

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