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    Dormir dans une cabane sur l’île de Senja

    La Norvège du Nord est confinée. Obligés d’être en quarantaine, nous fuyons les villes et les gens pour nous enfoncer en pleine nature. Après un phare au nord des Alpes de Lyngen, nous avons décider d’aller dormir dans une cabane sur l’île de Senja dans le Parc national d’Ånderdalen. Là, nous avons découvert un lieu “oublié” au coeur des montagnes et de la nature. L’endroit parfait pour fuire encore la frénésie du monde.


    Fuir le virus en pleine nature

    Après avoir passé une nuit dans un phare au bout du monde, la folie des cabanes s’est définitivement emparé de nous. En même temps, nous n’avions pas énormément de choix. Nous sommes fin mars 2020. Un sombre virus s’est abattu sur le monde et la Norvège n’échappe pas à la règle. Nous aurions aimé simplement profiter de Tromsø pour skier un peu. Cependant, étrangers, nous devons éviter un maximum les endroits trop peuplés. Cela tombe bien, je suis plutôt du genre misanthrope et solitaire.

    Du coup, on chercher la moindre cabane, le moindre abri qui nous donnerait le prétexte de passer deux jours en pleine nature. Et après Lyngen, nous repartons, Suzanne et moi, vers l’île de Senja. Cela fait plusieurs années qu’on m’en parle mais je n’avais pas encore eu l’occasion de la visiter. L’idée de dormir dans une cabane sur l’île de Senja au coeur du parc national d’Ånderdalen se suffit à elle-même. Cela vaut bien les quelques heures de route depuis Tromsø.

    Pour une lecture encore plus immersive de cet article, je te conseille d’écouter ceci :

    île de Senja

    S’enfoncer dans le parc national de d’Ånderdalen

    Disparaître en pleine nature

    À l’approche du parc national d’Ånderdalen, les voitures se raréfient tandis que la neige amplifie. J’avais repéré un petit parking en bordure du parc. Il est vide. Seule une voiture est stationnée avec des traces de skis à proximité. J’espère que ces skieurs n’ont pas eu que la même idée que nous. Assez égoïstement, j’aspire à profiter de ces deux jours seuls avec Suzanne. On sort nos sacs, on enfile nos raquettes et c’est parti ! La couche de neige est assez impressionnante dès qu’on s’élève du niveau de la mer. À vue de nez, il ya environ 1m50 de neige.

    Avec nos sacs, on se rend vite compte que les quelques kilomètres (7) qui nous séparent de la cabane vont être longs. Malgré les raquettes, on s’enfonce de plusieurs dizaine de centimètres. J’espère secrètement u’il n’y ait pas trop de dénivelé, pour une fois ! En effet, avec mon sac et mon matos photo, je perds énormément d’énergie à m’enfoncer dans la poudreuse. Je ne dis rien car sacrifier les images face à un paysage aussi grandiose serait un sacrilège ! Et à peine a-t-on franchi la première côte que notre terrain de jeu pour les deux prochains jours apparaît immaculé et infini !

    Et dans un paysage infini, la rumeur de notre passage disparaît dans le silence de l’immensité !

    île de Senja
    Randonneuse sur l'île de Senja en Norvège

    Espérer ardemment la solitude

    Après un petit kilomètre, le parking et le chalet en bord de fjord disparaissent de l’horizon. Devant, des kilomètres et des kilomètres de tundras et de montagnes s’étendent à perte de vue. Très vite, le silence s’impose comme si entrer dans cet espace sauvage éloignait tous les sons de la civilisation. C’est ce que j’aime dans les pays du Nord : le silence. Là haut, il ya moyen de savourer les derniers déserts sonores. Dans nos sociétés, on ne se rend plus compte que le silence a presque disparu de nos vies. Il y a toujours une frénésie perpétuelle et audible qui noie notre esprit dans une myriades de grésillements psychotiques.

    Le froid, le silence et la solitude sont des états qui se négocieront demain plus chers que l’or. Sur une Terre surpeuplée, surchauffée, bruyante, une cabane forestière est l’eldorado

    – Sylvain Tesson

    Là haut, c’est aussi la simplicité du ciel, de l’horizon et de ce qui se dessine entre les deux qui se laissent contempler. Il n’y a rien d’autre. Là haut, l’esprit se vide et se concentre sur l’instant. Rien ne compte plus que le pas que vous avez fait et celui que vous allez faire. La sagesse intervient lors de des pauses. Dans une muette observation du paysage, vous prenez conscience que l’essentiel est devant vous. Vous prenez conscience que seul cette nature sauvage pourra vous satisfaire. Ici, vous vivez !

    Randonneuse dans le parc national d'Ånderdalen

    Randonneuse sur l'île de Senja en Norvège

    Dormir dans une cabane sur l’île de Senja

    Cachée sous la neige

    La journée touche à sa fin lorsque nous arrivons à la cabane. Seulement voilà, impossible de la trouver. Je regarde la montre prend une position GPS. Je scrute l’horizon. Rien. Puis soudain, une silhouette rectangulaire se détache. Je m’approche. Elle est là, recouverte par 1m de neige. Elle avait littéralement disparu sous le manteau neigeux, invisible dans notre direction. En même temps, on retrouve les traces de ski et on constate que la cabane est déjà occupée. Nous rentrons nous réchauffer. Deux énormes sacs occupent les couchettes. Que faire ? Rentrer ? Pas question ! La cabane est prévue pour 3 personnes. On arrivera bien à trouver une solution.

    Entre temps, le ciel et l’horizon ont disparu. Ils ne font plus qu’un et seuls les montagnes dessinent les traits minimalistes du paysage qui nous entoure.

    Par politesse, nous attendons avant de nous installer. On scrute le lac par la fenêtre. Après quelques minutes, deux silhouettes se dessinent. Elles avancent lentement et s’arrêtent régulièrement. Elles sont en train de pêcher sous glace et relèvent leurs lignes. Après avoir relever la dernière, les deux lascars reviennent vers la cabane. Ils ont du nous repérer facilement. En effet, on a allumé le poêle et il turbine depuis lors ! Lorsqu’il rentre dans la cabane, ils semblent surpris de nous voir. La première chose qu’ils demandent est si nous allons passer la nuit ici. La réponse est évidemment “oui”. Ni une, ni deux, le plus jeune dis : “Bougez pas ! Il y a une autre cabane plus loin. Si elle est libre, on vous laisse celle-ci” et ils disparaissent dans la nuit…

    Cabane sur l'île de Senja
    Cabane sur l'île de Senja

    Une soirée éclatante au coeur de la nuit

    Une heure plus tard, les deux norvégiens rentrent dans la cabane et prennent leurs affaires. L’autre cabane est libre et ils nous laissent donc volontiers celle-ci. Nous étions confus mais cela n’avait pas l’air de les déranger. L’un deux nous fera même remarqué que ça les rapprochera de leurs premières lignes… C’est ça l’hospitalité ou plutôt l’abnégation des norvégiens, aussi pure que les paysages qui les ont façonnés. Le silence revient après nos échanges, nous sommes seules dans cette cabane, à la lueur des bougies.

    Dehors, le vent s’est levé mais le ciel se déchire à intervalle régulier. Cela nous permet de contempler fugacement les étoiles et de faibles aurores boréales. Cela ne vaut pas celles qu’on a pu voir quelques jours plus tôt mais c’est toujours aussi impressionant à contempler. Le froid est perçant et la fatigue accumulée n’arrange rien. Je profite des ambiances changeantes pour faire quelques photos. Je ne tiens pas longtemps et rentre profiter de la chaleur du feu. On boit une petite bière en regardant par la fenêtre. Les nuages tombent et on rejoint nos couchettes. Le paradis peut parfois se résumer à dormir dans une cabane sur l’île de Senja.

    La cabane fume dans son bosquet de cèdres. La neige a meringué le toît, les poutres ont une couleur de pain d’épice. J’ai faim.

    – Sylvain Tesson

    Cabane sur l'île de Senja
    Cabane sous la neige

    Retour à la civilisation

    Sous le soleil matinale

    Après une nuit à dormir dans une cabane sur l’île de Senja, on ouvre les yeux sur un paysage déchiré. Le soleil perce les nuages et impose sa puissance. Aujourd’hui, il dominera. À peine lever, je ne tiens plus mais je suis partagé entre deux sentiments contraire. D’un côté, j’ai hâte de profiter de cette météo parfaite. D’un autre côté, c’est aussi devoir abandonner cette cabane et ces paysages. Le dilemme de l’amoureux des grands espaces… On chausse les raquettes et on s’extrait de la cabane… Dix centimètres sont encore tombés cette nuit et ont effacé les traces de la veille.

    La neige efface les rumeurs d’un passage. Chaque jour est un commencement.

    Je décide de prendre un chemin différent de la veille. Plutôt que de repasser sur les flans de la vallée, j’ai envie de suivre le lit de la rivière afin de voir la vallée d’un autre point de vue. Le franc soleil magnifie le paysage. Tout est éblouissant au propre comme au figuré. J’ai toujours été fasciné par les différences de météo en montagne. Alors imaginez ici lorsque la mer s’emmêle, tout change encore plus vite. En effet, alors que devant nous, tout n’est que ciel bleu. Derrière nous, Njörd nous rappelle que c’est lui est le roi sur cette contrée. Les nuages menaçant de ce matin semble bloquer par la montagne mais pour combien de temps ?

    Cabane sur l'île de Senja
    Randonneuse sur l'île de Senja

    Passer à travers la glace

    Au loin justement, un banc de nuage apparaît. Il semble que le soleil soit plus localisé qu’il n’y paraît. Dans ce paysage d’albâtre, l’horizon, le dénivelé et le ciel se mélange et bouscule les frontières de nos perceptions. Seule la rivière nous guide, fière d’être fidèle à elle-même et de ne changer de direction qu’à coup de siècles.Je regarde mes cartes. J’analyse le terrain. Il y a des traces d’élans sur la rivière gelée. Je me dis que la couche de glace est suffisamment épaisse. Nous nous y aventurons.

    Alors qu’il ne reste que quelques mètres, ma jambe droite rompt la glace. Je me retrouve avec de l’eau jusqu’à l’aine. Ma chaussure accumule l’eau et me tire vers le fond.

    Pris par la beauté de l’île de Senja, je ne me rends pas compte que progressivement on s’éloigne de la berge et que la glace devant nous prend l’eau. Il faut absolument retourner sur la berge. Alors qu’il ne reste que quelques mètres, ma jambe droite rompt la glace. Je me retrouve avec de l’eau jusqu’à l’aine. Ma chaussure accumule l’eau et me tire vers le fond. Suzanne a le bon réflexe de se coucher sur la glace pour augmenter sa base de sustentation et m’aide à m’extirper de la rivière.

    Parc national d'Ånderdalen
    Parc national d'Ånderdalen

    Fin de notre microaventure

    Je dois vous avouer que cela a été une expérience assez stressante. C’était la première fois que cela m’arrivait. Pourtant, j’attache énormément d’importance à anticiper ce genre d’erreur. Ici, grisés par la météo et un excès de confiance en moi aurait pu mener à un accident plus grave. Heureusement pour moi, le soleil revient vite et je sèche rapidement et l’incident devient vite un souvenir.

    Ce soleil fut une bénédiction. En effet, sans lui, à 5km de la voiture, j’aurais pu réellement prendre froid. Il n’aura donc pas fallu faire de feu d’urgence et nous avons pu continuer notre contemplation.

    Oscillant entre ombre et lumière, nous progressons. Petit à petit, les rumeurs de la civilisation nous atteignent. Une dernière côte dans la poudreuse et le fjord apparaît ainsi que le parking où nous avions laissé l’auto. Notre aventure prend fin. Cela sera la dernière en Norvège avant quelques temps… Covid oblige !

    Randonnée sur l'île de Senja
    Randonneuse Norvège du Nord
    Montagne sur l'île de Senja

    Parcours – Dormir dans une cabane sur l’île de Senja

    Afin d’éviter, l’effet Instagram. J’ai décidé de ne pas mettre à disposition le parcours de cette microaventure. Néanmoins, si vous êtes en préparation d’un voyage dans la région ou si vous planifiez la même aventure, n’hésitez pas à me contacter pour avoir davantage d’informations.

    Julien
    Julienhttps://www.sentiersduphoenix.be
    Je m'appelle Julien, j'ai 34 ans. Je suis passionné d'aventures, de nature et de sports outdoor. Mon blog "Sentiers du Phoenix" est un peu comme mon feu de camps permanent autour duquel je te partage toute ma passion pour l’Aventure, le Trail et la vie en pleine nature. On part ensemble à l'aventure ?

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