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    Bivouac en Wallonie : où dormir en pleine Nature ?

    Le bivouac en Wallonie est sous doute l’expérience la plus recherchée par les passionnées de Nature. Pourtant, dormir en pleine nature en Belgique n’est pas chose aisée. En effet, le code forestier est clair : le bivouac est interdit en forêt excepté sur les aires prévues à cet effet. Avec cet article, j’avais envie de faire le point sur le sujet en agrégeant les toutes dernières informations relatives au sujet. Vous me suivez ? On part bivouaquer ?


    Petit traité du bivouac

    Le bivouac représente bien plus qu’une nuit sous les étoiles. C’est un moment choisi où l’on s’harmonise avec la nature. Dormir en bivouac est une ascèse, une école de dépouillement mais aussi une invitation à renouer avec le silence. J’aime cette bulle que le bivouac crée dans nos vies. Il laisse ainsi la place aux rêveries et au détachement. À une heure où la société zappe et consomme à outrance, le bivouac, lui, invite à ralentir, à savourer l’instant dans la simplicité d’un instant unique.

    Aujourd’hui, j’envisage le bivouac comme une manière d’habiter le monde autrement. Dans la simplicité et la pureté de son acte, le bivouac invite à réenchanter son quotidien en transformant la banalité en une aventure. Il célèbre une existence frugale, réduite à une tente, un sac et un réchaud. Bien que cette pratique soit quasi élevée au rang de rituels dans les pays du Nord, le bivouac en Wallonie est extrêmement réglementé. Loin d’être contraignant, il invite à appréhender la pratique avec un respect profond de la Nature et des réglementations afin que cette fuite du monde puisse perdurer.

    Le bivouac est un art, un art du repli. On tourne le dos à la société, on s’enfonce dans les bois et on claque la porte aux sirènes du quotidien

    Bivouac Entre LEsse et Lomme

    Le bivouac en Wallonie

    Une histoire récente

    Le bivouac en Wallonie n’est pas une histoire récente. C’est le Club Alpin Belge qui créa, en 1930, le premier bivouac au Rocher du Freyr. Réservé aux grimpeurs, il faut attendre le début des années 2000 pour voir leur nombre augmenter sensiblement. En 2025, il existe 29 aires de bivouac officielles réparties de manière très inégale sur le territoire wallon. Elles étaient plus nombreuses avant le Covid. Cependant, ce dernier a eu un impact délétère et certaines aires (sur le territoire d’Houffalize) ont été purement et simplement supprimées. La cause ? Une sur-fréquentation ! De cette dernière a découlée de nombreuses nuisances provoquées par ce que j’appelle des “consommateurs de nature”.

    L’existence des bivouacs en Wallonie ne tient qu’à un fil. En effet, les aires de bivouac sont des exceptions au Code forestier. Ce dernier interdit toute forme de bivouac ou de camping en nature. Il convient donc de respecter “les règles du jeu” afin d’en assurer la pérennité. Cela permettra ainsi à tous les “clochards célestes” que nous sommes d’en profiter le plus longtemps possible. L’espoir reste de mise. J’entends une rumeur comme quoi de nouvelles aires de bivouac vont bientôt voir le jour.

    L’homme, aujourd’hui, paraît oublier que le respect de la nature est une preuve absolue de civilisation.

    – Adrien de Prémorel, Dans la forêt vivante.

    Tente au petit matin le long de la Semois

    Qu’est-ce qu’une aire de bivouac officielle ?

    Une aire de bivouac est une zone reconnue officiellement par le Département de la Nature et des forêts en vertu du Code forestier et qui permet la résidence temporaire en zone forestière.

    L’installation et la gestion des bivouacs en Wallonie, balises, conseils et retours d’expériences.

    La définition d’une aire de bivouac est donc assez évidente. Il s’agit d’un espace délimité à destinations des randonneurs, cavaliers et cyclistes de passage et où l’installation d’une ou plusieurs tentes est possible. Ces zones sont généralement le long de sentiers de randonnée au long cours et, autant que faire se peut, éloignées le plus possible des routes. Les aires de bivouac ne sont pas des zones de camping. Ainsi, les tentes doivent être montées après 17h et enlevées avant 10h. En conséquence, les séjours de plus d’une nuit ne sont donc pas autorisés. Cela permet de conserver une expérience authentique au cœur de la Nature.

    De part leur caractère forestier, le Code forestier est de vigueur. Ainsi, faire du feu est désormais strictement interdit (les réchauds à gaz sont parfaitement autorisés). Ainsi, cette récente interdiction vise à limiter les risques d’incendie mais aussi et surtout limiter l’es nuisances l’impact auprès de la faune. Dans une optique de respect de la quiétude animale, il convient d’éviter toute nuisance sonore, de ramasser tous ses déchets et de veiller à rendre l’aire de bivouac comme vous l’avez trouvée.

    Bivouac en Ardenne

    La Charte du bivouaqueur : respecter pour préserver

    Le Covid a mené la vie dure aux aires de bivouacs. En effet, on a dénombré de nombreuses incivilités : tapages nocturnes, problèmes de déchets et de déjections, de destruction de mobilier et même un incendie ! Alors que la commune d’Houffalize a choisi la facilité en supprimant presque toutes les aires de bivouac de son territoire, les autres structures gestionnaires ont instauré un système de réservation afin de mieux contrôler les flux de bivouaqueurs.

    Dans le même contexte, les Parcs naturels, le DNF, ainsi que divers opérateurs touristiques ont décidé de se rassembler autour de la table afin de réfléchir à un cadre commun. C’est ainsi que la “Charte du bivouaqueur” a vu le jour. Dès lors, s’inspirant de la charte “Apaisons la forêt”, la charte du bivouaqueur vise à sensibiliser les utilisateurs des aires de bivouac en Wallonie. Elle rappelle des principes de base que tout randonneur et passionné se devrait d’adopter :

    La Charte du bivouaqueur

    Convivialité
    1. En tout temps, j’adopte un comportement courtois et respectueux envers les autres usagers. Cerise sur le gâteau : un sourire, un bonjour, un merci. Ces petits détails font toute la différence en matière de convivialité !
    Accès
    1. Les aires de bivouac sont réservées aux randonneurs, cyclistes et cavaliers. Si je fais partie d’un mouvement de jeunesse (grandes tentes) ou que je suis un opérateur privé (organisation de bivouacs tout confort), je prends préalablement contact avec le gestionnaire pour trouver une autre solution de logement.
    2. Je ne circule pas avec un véhicule à moteur, une caravane ou une remorque jusqu’à et sur l’aire de bivouac. La circulation des véhicules à moteur en forêt est interdite. Je me rends sur l’aire de bivouac uniquement à pied, à vélo ou à cheval.
    Sur le bivouac
    1. J’installe ma tente dans le périmètre de bivouac autorisé et délimité. Si je m’installe en dehors de ce périmètre, je m’expose à des poursuites et des amendes.
    2. J’emporte toujours mes déchets avec moi pour les jeter dans une poubelle et je veille à laisser le site et la nature alentour propres après mon passage.
    3. Pour faire mes besoins, en cas d’absence de toilettes, je choisis un endroit à l’écart des cours d’eau, j’utilise du papier toilette normal (les mouchoirs et les lingettes humides se dégradent bien plus lentement) et j’enterre mes excréments à l’aide d’une petite pelle. Le papier toilette ne doit pas être brûlé à cause du danger d’incendie en forêt. Idéalement, je l’emporte avec les autres déchets dans un sac hermétique.
    4. Je comprends que les aires de bivouac sont destinées aux randonneurs, pas aux campeurs de longue durée. Je ne passe donc pas plus de deux nuits consécutives sur la même aire de bivouac.
    5. Je plante ma tente entre 16h et 10 heures le lendemain. Je prends soin de démonter ma tente en journée.
    6. J’utilise un réchaud pour chauffer mes aliments . Je ne laisse pas traîner de nourriture ou de restes. J’utilise du produit facilement biodégradable et veille à ce que l’eau sale ne coule pas directement dans les cours d’eau à proximité.
    7. Les feux sont interdits, quelque soit l’état de sécheresse.
    Nature
    1. Je respecte la faune et la flore. Je laisse les fleurs là où elles sont et, si j’en cueille, je ne prends que le strict nécessaire sans arracher les racines ou le bulbe. La cueillette des champignons et de tout autre produit de la forêt n’est autorisée que par décision du propriétaire et de manière raisonnable, en respectant certaines règles : 10L maximum par personne et par jour, pas de cueillette nocturne et lors d’activités de chasse. Je n’oublie pas de vérifier les conditions locales d’autorisation.
    2. Je respecte la quiétude de la nature. Pour cela, j’évite de crier, je ne mets pas de musique, je me laisse gagner par le calme des lieux et je respecte le sommeil de mes voisins.
    3. En tant qu’utilisateur d’une aire de bivouac, j’accepte implicitement ce règlement.

    Où bivouaquer en Wallonie ? Les aires de bivouac reconnues

    En Wallonie, il existe actuellement (août 2025) 29 aires de bivouac représentant 211 emplacements de tentes. Parmi les 29, 26 aires de bivouac nécessitent une réservation. Vous trouverez donc ci-dessous un maximum d’informations sur les modalités de réservations et d’organisation.

    Entre Lesse et Lomme : 3 aires de bivouac

    “Entre Lesse et Lomme” est un parcours de 78km sur la commune de Libin en Ardenne belge. Dès son inauguration en 2018, j’ai réalisé une variante sur deux jours que j’ai eu l’occasion de parcours plusieurs fois. C’est un parcours forestier très varié et où l’impression de solitude et de sauvage est très présent. Je vous conseille de réaliser ce parcours en hiver. La forêt se pare alors d’une ambiance gothique et fantasmagorique.

    Hautes Fagnes : 2 aires de bivouac

    Parmi les plus anciennes aires de bivouac de Wallonie, on retrouve les 2 aires du plateau des Hautes Fagnes. Elles étaient encore 3 en ce début août mais suite à des incivilités, l’aire de bivouac de la Gileppe a fermé ses portes. ¨Pour les deux restantes, comme ailleurs, y dormir nécessite une réservation. Cependant leur localisation en font parmi les plus belles aires de bivouac de Wallonie. Bien que concentrées dans le Nord-Ouest du massif forestier, les plus courageux trouverons sans hésiter de quoi satisfaire leur envie d’évasion dans cette petite Scandinavie ardennaise.

    Bivouac hivernal dans les Hautes Fagnes

    Grande Traversée du Pays de Chimay : 13 aires de bivouac

    La Grande Traversée du Pays de Chimay a vu naître les premières aires de bivouac en Wallonie. Ce parcours en ligne cumule près de 235km de sentiers grâce à ses 5 villes de départ. La section commune de Virelles à Hastière compte 84km. La randonnée traverse de nombreux paysages différents : bocage, forêts, carrières et campagne. Vous aurez aussi la possibilité de passer parmi de nombreuses curiosités comme les étangs de Virelles, le bunker d’Hitler à Bruly, le Ry de Rome, le Fondry des Chiens…

    Sentiers d’Art : 7 aires de bivouac

    Parmi les dernières initiatives en matière de bivouac, il faut compter sur le “Sentiers d’Art”. Ce parcours de 160km parcourt les contrées campagnardes du Condroz et de la Famenne. Sa force est d’être agrémenté de 60 œuvres d’art et de 7 bivouacs. Sur les 7 bivouacs, 5 possèdent également des abris artistiques où vous pourrez passer une nuit insolite dans une œuvre d’art. Si vous n’avez pas l’âme d’une itinérance au long cours, des boucles (21) ont été créées. Elles ne sont pas balisées mais vous permettront d’explorer l’âme du “Sentiers d’Art”.

    WBT – Maxime Collin

    Escap’Ardenne & boucles : 2 aires de bivouac

    L’Escapardenne est une randonnée transfrontalière de 106km démarrant à Kautenbach au Grand Duché du Luxembourg pour finir à La Roche-en-Ardenne. Il peut-être prolongé de 53km par le Lee Trail côté luxembourgeois liant Ettelbruck à Kautenbach. Malgré la beauté de cette trace, il n’y a plus de bivouacs le long de son itinéraire. Ceux-ci ont été supprimés en 2022. Parallèlement à l’Escapardenne, des boucles de 30 à 100km ont été créées. Les deux dernières rescapées se trouvent sur la plus grande boucle (98km), “Des profondeurs de la forêt ardennaise aux paysages des plateaux”.

    Confluence des deux Ourthe

    Forêt de Saint-Hubert : 1 aire de bivouac

    Enfin, comme je souhaitais être complètement exhaustif, il existe également une deuxième aire de bivouac dans la région de Saint-Hubert appelée, Les Trappeurs. Située à côté d’une cabane en bois, il y a 5 emplacements. Ce n’est pas l’aire de bivouac la plus intéressante car elle est bordée d’un chemin forestier et l’espace disponible est assez restreint.

    Bivouac hivernal dans les Hautes Fagnes
    Julien
    Julienhttps://www.sentiersduphoenix.be
    Je m'appelle Julien, j'ai 36 ans. Je suis passionné d'aventures, de nature et de sports outdoor. Mon blog "Sentiers du Phoenix" est un peu comme mon feu de camps permanent autour duquel je te partage toute ma passion pour l’Aventure, le Trail et la vie en pleine nature. On part ensemble à l'aventure ?

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