Cette aventure, j’en rêvais depuis des années, Travelbase l’a fait. D’Abisko jusqu’à Singi, nous avons parcouru le mythique Kungsleden en ski (ou raquette) en tirant notre pulka. Durant 5 jours, nous avons été coupés du monde au cœur de cette nature sauvage suédoise, sans réseau, avec l’horizon glacial comme seul perspective. Vous venez ? Je vous emmène vivre le King’s Trail : 5 jours de ski pulka sur le Kungsleden.
- Le King’s Trail, c’est quoi ?
- Mon expérience sur le King’s Trail
- Préambule : Abisko, la porte de l’arctique
- Jour 1 : S’arracher à la civilisation – Jusqu’à Abiskojaure (14 km et 270 D+)
- Jour 2 : Toucher au silence – Jusqu’à Alesjaure (21,6 km et 500 D+)
- Jour 3 : Embrasser l’immensité – Jusqu’à Tjäktja (13 km et 410 D+)
- Jour 4 : Toiser le Kungsleden – Jusqu’à Sälka (13 km et 220 D+)
- Jour 5 : Glisser vers la conclusion – Jusqu’à Singi (12 km et 200 D+)
- Mes conseils pour vivre parfaitement le King’s Trail

Le King’s Trail, c’est quoi ?
Le concept
Le King’s Trail est une aventure en raquette ou en ski dans le Nord de la Scandinavie organisée par Travelbase. Proche d’une véritable expédition, elle vous permettra de parcourir l’un des plus célèbres sentiers du Nord de l’Europe : le Kungsleden, le sentier des rois. Au cœur de l’arctique, vous vivrez une immersion totale dans les étendues glacée de la Laponie. En tirant votre pulka, sorte de petit traineau transportant votre matériel, vous évoluerez dans un paysage unique marqué par le silence, l’immensité et la brutalité des éléments.
Accompagnés par des guides Travelbase, vous vivrez une aventure autonome mais sécurisée. Le parcours est balisé, un GPX est fourni et un support logistique et de sécurité reste disponible en cas de besoin. Cette formule hybride entre liberté et encadrement est désormais la marque de fabrique de Travelbase. Cela vous permet ainsi de vivre cette aventure à votre rythme tout en bénéficiant d’un encadrement.
Chaque soir, vous agouterez à la saveur particulière des refuges suédois. Sans eau, ni électricité, le confort y est simple mais chaleureux, fidèle à l’esprit scandinave. Le Sauna, quant à lui, est présent dans presque tous les refuges, permettant de toucher au cœur du lifestyle nordique : l’aventure brute et poétique dans une nature exigeante mais magnifique.
Des kilomètres de silence, de glace et de froid. Des kilomètres d’une longue contemplation. Des kilomètres d’un sentiment de liberté totale. Le tout cloturé, le soir venu, par la danse des aurores boréales. C’est ça l’âme du King’s trail de Travelbase.

Le parcours
Après avoir atterri à Kiruna, un bus vous amène directement à Abisko. Vous y recevrez l’ensemble du matériel : ski (ou raquette), pulka, bâtons, chaussures et tout autre matériel que vous auriez loué à Travelbase. Le lendemain est une journée d’initiation au ski autour d’Abisko. Cela permet d’appréhender le matériel avant de se jeter dans le grand bain. Après quoi, l’aventure peut commencer. Les conditions pouvant être extrêmes, les étapes se structurent en fonction des différents refuges présents sur le parcours. Le niveau de service (shop, sauna,..) varie d’un refuge à l’autre mais tous sont sans eau, ni électricité leur conférant le charme des confins.
Le King’s Trail suit le célèbre parcours du Kungsleden en Suède. Considéré comme le GR20 de la Scandinavie, vous allez parcourir sa section la plus célèbre jusqu’à Singi.
La première étape est assez facile : 14km à travers la Taïga. Vous passerez la nuit dans le refuge Abiskojaure. Le deuxième jour est l’étape la plus longue avec 20km et une belle ascension pour atteindre les hauts plateaux couvert de toundra. Durant cette étape, c’est l’âme de la Laponie que vous rencontrerez. Après une nuit au refuge d’Alesjaure, les 16km suivant sont sans doute les plus grandioses avec un enchainement de vallées jusqu’au refuge de Tjäktja. Les deux dernières étapes sont assez courtes. Pourtant l’avant-dernier jour vous amènera sur le point culminant du Kungsleden avant de basculer dans une vallée encaissée et théâtrale. Le dernier jour est une succession de up&down qui vous amènera jusqu’à Singi d’où vous serez véhiculé en motoneige jusqu’à Nikkaluokta.






En pratique

En Bref
Le prix du King’s Trail commence à partir de €1490 par personne et inclut:
- La pulka et les skis ou raquettes
- Les nuitées en refuge
- L’encadrement par les guides Travelbase
- Parcours GPX
- Transfert Singi – Nikkaluokta en motoneige
Principales options :
- Navette aéroport : 45€ par personne/navette
- Foodpack (et set de cuisine) : 115€ pour les lyophilisés végétariens et 125€ pour les lyophilisés carnés
- Pantalon Hardshell : 70€
- Gants thermiques : 28€
Non compris :
- Trajet -> Kiruna (KRN)

Mon expérience sur le King’s Trail
Préambule : Abisko, la porte de l’arctique
Abisko, c’est ce petit bout de civilisation perdu aux confins de la Suède, habitée par le vide et appelant à l’aventure. En effet, la ville est la porte d’entrée Nord du Kungsleden, ce sentier rejoint Hemavan 450km plus au Sud. À part cela, rien à des kilomètres à la ronde. Pourtant, c’est au milieu de ce désert glacé que je me retrouve avec Gaëtan, 4 ans après notre expédition en packraft sur la rivière Kaïtum. Nous sommes en mars 2025 et nous nous préparons à partir 5 jours en ski-pulka au cœur de l’arctique suédois.
Nous sommes arrivés en fin de journée. La nuit. Lorsque nous sortons le lendemain à l’aurore pour aller faire des images, le village est silencieux. La glace crisse sous nos pas. Le ciel est dégagé et un pâle soleil d’hiver tente de nous réchauffer. Aujourd’hui, nous testons le matériel, nous faisons les dernières courses, nous optimisons les sacs. L’aventure commence demain. Nous tournerons alors le dos à cette ultime frontière pour nous enfoncer dans l’immensité de la Laponie suédoise.
Le froid nous mord, le vent nous gifle et le blanc nous aveugle. Dans ces paysages sans fin, nous abandonnons nos êtres à la pureté des horizons infinis.




Jour 1 : S’arracher à la civilisation – Jusqu’à Abiskojaure (14 km et 270 D+)
A travers la taïga
Ce matin le vent s’est renforcé. Nous prenons nos skis et répartissons nos bagages sur la pulka. Le soleil tente quelques timides apparitions mais les nuages seront plus forts que lui. Après un rapide briefing et les derniers réglages, nous nous élançons enfin. Les premiers mètres sont hésitants. Une fois Abisko disparu derrière les collines, les gestes se précisent, le mouvement se fluidifie et les réglages se rodent. La pulka est lourde mais ne représente pas le fardeau que j’imaginais. Elle reste piégeuse dans les premières descentes mais se dompte rapidement. Nous serpentons dans la taïga, bouleau rabougri par les vents. Les kilomètres s’égrainent dans les bourrasques et la neige.
En une rafale, un vent de liberté s’offre à nous. La couverture téléphonique disparaît. Nous sommes désormais seuls face au sauvage et, dans le mugissement du vent, nous embrassons ce sentiment d’aventure.
Au loin, les montagnes se dessinent à travers les nuages. J’ai hâte de rejoindre leurs sommets. J’ai hâte de n’être qu’un point noir dans un océan de blanc. Nous longeons la piste de motoneige. Elles sont autorisées jusqu’au premier refuge. Cela enlève un peu le charme de cette première étape. Du coup, on tâche de tracer la route au plus vite. Alors que nous approchons des premiers contreforts, le blizzard nous englobe. La visibilité chute drastiquement. Il est passé midi et la faim devient tenace. Nous nous arrêtons pour manger mais le vent forcit et nous force à redémarrer rapidement dans la monotonie glacée de la taïga.




Première nuit dehors
Au sommet de cette première côte, les bouleaux sont plus éparses. Les premiers sommets du Kungsleden apparaissent, puis un lac, et au bout du lac, le refuge tant attendu. Ou bien est-ce un mirage ? La traversée du lac est étonnante. Sa surface ne fait qu’un avec le ciel, d’un gris absolu. Le vent souffle en grain la neige posée sur la glace du lac. Ca y est ! Nous y sommes, nous touchons des doigts les portes de la nature sauvage. Nous abandonnons les motoneiges et bientôt les bouleaux rabougris. Une fois arrivé au refuge, nous sommes reçus par le gardien et le traditionnel jus d’airelles chaud. Il nous explique le fonctionnement du camps : où couper le bois, où trouver de l’eau, etc…
Pour cette aventure, même si les nuits sont en refuge, j’ai décidé de prendre ma tente pour tester du matériel. Je connais les refuges en hiver : trop de monde, trop chaud. Je préfère la solitude de ma tente, je sais que j’y dormirai mieux. Alors, j’ancre ma Hilleberg derrière le refuge et me crée mon petit cocon avant de rejoindre le sauna. J’alterne la fournaise avec le froid de la neige. Après plusieurs allers et retours, je lève les yeux au ciel. Des aurores boréales dansent alors que je suis nu sous les étoiles. Après avoir profité de ce spectacle pendant de longues minutes, la fatigue me gagne : un lyophilisé et au lit ! Je me glisse dans mon sac de couchage où j’écris ces quelques lignes. Il est temps de fermer l’œil. Demain, une longue journée nous attend.
Les aurores boréales dansent au dessus du sauna. Il fait -12°c, nous sommes nus, prenant l’air avant de retourner dans la fournaise. Il n’existe pas meilleure entracte !







Jour 2 : Toucher au silence – Jusqu’à Alesjaure (21,6 km et 500 D+)
Atteindre les montagnes
Je sors de ma tente requinqué. Ça y est, je retrouve mon arctique adoré. Le crissement de la tente après une nuit sous 0 m’avait manqué. Il n’y a rien qui m’est plus agréable. Il y a une forme de pureté dans ce genre de matin. Une pureté dans la simplicité de l’instant. La mécanique du bivouac revient instantanément : avaler son petit déjeuner avec un café brulant, empaqueter son barda dans la pulka et lever le camps. Aujourd’hui est une grosse journée, la plus importante de notre aventure avec 20km et 500m de D+. La météo est au beau fixe. Il n’y a presque pas de vent et du soleil. On ne pouvait pas espérer mieux.
La compagnie se met en branle à 8h tapante pour avaler rapidement les dernières encablures sous boulaie. Nous nous arrachons à la taïga en attaquant la grosse ascension de la journée. Malgré les peaux sous les skis, la montée n’est pas si facile. La face est plein nord et il y a de nombreuses plaques de glace. Alors, je prends les quarts et je tracte ma pulka trop lourde. Le ciel se couvre mais les montagnes agrippent les nuages nous offrant un jeu de lumière singulier entre ombre et lumière, similaire à celui que j’avais eu 4 ans auparavant à cet endroit précis lors de mon expédition en packraft.
Il y a dans ces espaces infinis l’indicible sentiment de liberté. Le vent souffle, gifle, congèle mais il est salvateur. Il souffle l’ultime affranchissement du tout.




S’abandonner à vivre
“S’abandonner à vivre” est le titre d’un livre de Sylvain Tesson. Il y écrit ceci : “Le “Pofigisme” n’a pas de traduction en français. Ce mot russe désigne une attitude face à l’absurdité du monde et à l’imprévisibilité des événements. Le pofigisme est une résignation joyeuse, désespérée face à ce qui advient.” Quand on y pense, il résume parfaitement l’état que l’on doit embrasser lors d’une aventure. L’arctique (comme la montagne) ne pardonne pas. Il n’y a pas de place pour la planification quasi stakhanoviste imposée par notre société. Il faut accepter l’imprévu, anticiper le pire sans céder à la peur, se réjouir de chaque moment, même difficile. Comme j’aime à le répéter : “Il faut faire feu de tout bois”, y compris mentalement.
L’aventure nous impose une forme de contrition joyeuse. Même dans l’adversité, même dans la tempête, il faut trouver le bonheur dans une sorte de stoïcisme nomade.
Et c’est précisément dans cette deuxième partie de journée que je décidai de m’abandonner à vivre. L’ascension du col avait déjà bien puisé dans mes réserves. Le vent s’était intensifié, comme ma rhino-pharyngite, et le froid tombait d’heure en heure. Pourtant, j’avançais dans une béate contemplation. Malgré les perspectives infinies et monotones, je ne pouvais m’empêcher de m’extasier devant chaque montagne, chaque nuance dans la glace, chaque croix balisant le chemin. Après nous être arrêtés pour manger, les nuages sont tombés, avec la neige, tâchant d’effacer le soleil. Puis le refuge est apparu, avec la fatigue. Ce soir, je dormirai au chaud. Je n’en rougis pas, je ne suis pas suffisamment en canne que pour dormir dehors.





Jour 3 : Embrasser l’immensité – Jusqu’à Tjäktja (13 km et 410 D+)
Dans le blanc souffle le vent
La nuit fut réparatrice. J’ai une faim de tous les diables, je vais mieux. Alors je m’enfile un lyophilisé, du chocolat et mon café à vitesse grand V. Il n’y a ni eau courante, ni électricité dans les refuges du Kungsleden même si, comme le premier, celui-ci dispose d’un sauna dont nous avons bien profité la veille. Du coup le matin, c’est corvée “eau”. Ici, le puit n’est rien d’autre qu’un trou dans la glace permettant d’accéder à la rivière. Nous remplissons plusieurs seaux que nous remontons ensuite au refuge, péniblement. Ce dernier est construit sur un promontoire, sorte d’Edoras suédois à tout vent.
Nous le quittons de bonne heure. Devant nous, une longue vallée s’étire infiniment et nous avançons religieusement. Dans le blanc souffle le vent. Nous sommes enfermés dans nos capuches comme les ermites d’antan. Le crissement des skis, les souffles saccadés scandent nos psalmodies. Nous courbons l’échine pour tracter nos pulkas au sommet des cols. Délivrance. Point de cri dans ces nefs d’albâtres, point de toit, seule la danse silencieuse et nocturne des aurores boréales. Dans ces paysages, le temps peut s’égrainer lentement. J’aime me dire que ces lieux poussent à intérioriser, à marmonner, à ruminer. Ils invitent à une contemplation béate.
Dans nos pulkas, nous tirons nos vivres, nos affaires et nos vies. Dès que les pulkas s’arrêtent, le silence s’installe. Le vrai silence, l’assourdissant silence, celui dont la quête est permanente. Celui qui disparaît dans le brouhaha de nos quotidiens pressés et désespérés.





Une nuit arctique à Tjäktja
Après la pause du midi, nous entamons la longue ascension vers le refuge. Je ressens alors un déclic. Pour la première fois du séjour, je me sens totalement en harmonie avec ces montagnes. Le paysage est époustouflant. Les montagnes accrochent les nuages qui dessinent des ombres, révélant chaque relief. Le froid est vif et la contemplation totale. Après un dernier ressaut, j’aperçois le refuge dans le lointain. Il nous toise alors nous redoublons d’effort pour l’atteindre avant le crépuscule. Nos skis crissent sur la neige durcissant avec le déclin du jour, scansion arctique dans le tourment du néant. Le refuge domine la vallée que nous traversons depuis ce matin. Ce soir, l’environnement est trop immense. Je décide de planter ma tente et de profiter de l’arctique jusqu’au plus profond de la nuit.
Le bivouac est une ascèse où la beauté du monde côtoie l’âpreté des éléments. Il y a quelque chose de primitif, presque bestial à dormir dehors. On tourne le dos à la civilisation et on embrasse l’inconnu de la nuit.
Si je disais que je n’ai jamais peur de dormir dehors serait un mensonge. Il y a toujours une part d’indicible, d’inénarrable et de secret. Le bivouac est une ascèse, il renforce l’esprit. Dans la promesse du lendemain souffle l’espoir d’une nuit sans soubresaut. Le froid mordant mettra le matériel à rude épreuve. L’obscurité n’est rien face au froid. Il emporte chaque souffle de vie dans une vapeur glacée. Le bivouac est une ascèse. Grâce à lui, je me retrouve là, au coeur de la Laponie suédoise à expérimenter des températures largement négative (-17°). J’aime ça ! Il est temps de reposer les yeux, je ferme mon calepin sur cette journée mémorable.









Jour 4 : Toiser le Kungsleden – Jusqu’à Sälka (13 km et 220 D+)
Le premier matin du monde
Au petit matin, j’ouvre la tente, je suis le survivant des glaces. Niflheim est derrière moi. Discrètement, je m’extirpe de mon duvet gelé. Je contemple l’aurore comme le premier matin du monde et les questions fusent. Pourquoi s’aventurer dans ces contrées si hostiles ? Pourquoi y apprécier l’absurdité de ces moments ? Il y fera toujours trop froid, la pulka toujours trop lourde, le silence toujours trop assourdissant. Mais, si c’était justement la discrétion de ces contrées qui les rendent si attrayantes ? Si c’était l’absence de chrono, de kudos, de dossard. Et si c’était parce que ces contrées touchaient à l’indicible, à l’essentiel. Loin de toute fierté, il faut juste y survivre.
C’est dans l’indifférence totale que je profite de cette aurore. Les bruits sont étouffés par le froid du matin. Le ciel se pare d’une délicate teinte rosée. Le froid mord instantanément le visage. Je suis tout simplement heureux d’avoir passé la nuit dehors. La vacuité d’un instant, la félicité dans le cœur, l’essentiel au fond de soi ! Je m’abandonne à vivre.
L’arctique transforme. Chaque voyage, chaque aventure là haut me fait prendre conscience que vivre en dehors de sa zone de confort sera toujours l’accès le plus direct au bonheur. Il n’y a rien qui vous paraît plus cher qu’un morceau de chocolat après une journée par -15°, rien plus agréable que la vue d’un refuge à l’horizon et rien plus normal que d’avancer jour après jours dans un paysage aussi grandiose que dangereux. Vous vous reconnectez avec l’essentiel, le simple et le beau.





Point culminant du Kungsleden, le Tjäktjapasset
Paquetage de la pulka, corvée eau, lyophilisé avalé, les skis glissent déjà dans les traces de nos prédécesseurs. La journée d’aujourd’hui n’est pas très longue. Elle nous amènera jusqu’au point culminant du Kungsleden, le col de Tjäktja. En haut, contrairement à mes camarades, je décide de tenter la descente avec la pulka au cul. C’est sport mais grisant. Malgré les peaux sur les skis, je prends rapidement de la vitesse. La pulka me pousse, oscille à gauche, à droite. Cela nécessite un bon pilotage. J’atteins la vallée en contre bas avec la banane au visage. La vue est tout simplement folle, le ciel est azur, le soleil à son zénith, le bonheur d’être des gamins avec un traineau et des skis…
Cette vallée m’avait déjà marqué en 2021 lors de l’expédition packraft. Ici, avec la neige, c’est une autre ambiance, celle de l’immensité immaculée. En attendant les autres en bas, on profite de l’instant avec Gaëtan. Quel chance d’être ici, de profiter d’une telle perspective. Le refuge n’est pas très loin. Pourtant, il plane une atmosphère de bout du monde. Le soleil est pile dans l’axe de la vallée, nous sommes éblouis au propre comme au figuré. Une fois regroupé, nous atteignons rapidement le refuge de Sälka, le dernier de notre séjour. Ce soir, je dormirai dans le refuge. Même si les bivouacs me plaisent davantage, je suis éreinté par le rhume, l’aventure. Je dormirai au chaud, après avoir profité du sauna.
Pour moi le luxe, le vrai, il est ici. Au milieu de nul part, sans réseau, sans eau courante, sans électricité mais avec un sauna brulant et une bière. C’est comme ça que je conçois le bonheur. Ce soir, nous serons les rois !






Jour 5 : Glisser vers la conclusion – Jusqu’à Singi (12 km et 200 D+)
Soirée à Sälka
Ce soir-là, à Sälka, il y a une atmosphère d’avant fête. On dévalise la petite boutique : bière, chocolat et autres joyeusetés. On trinque à cette fin d’aventure. Après le sauna, on profite de la longue soirée pour refaire le monde, contempler le chemin accompli et célébrer la beauté de ces moments simples. On avale nos lyophilisés et on abat les cartes. Cependant, je ne l’a fait pas longue car je le rhume a repris le dessus et je suis éreinté.
La dernière soirée d’une aventure a toujours une saveur particulière. Tout y est plus léger. Le plus dur est derrière nous. Demain tout cela ne sera déjà qu’un souvenir. Alors, on profite de ces derniers instants au cœur de l’arctique. On trinque, on célèbre, on profite !
Avant de rejoindre mon lit, je sors une dernière fois du refuge. Il doit faire près de -20°. Le silence est absolu. La ligne d’horizon se dessine à peine, formant un tableau monochrome où terre et ciel ne font qu’un. Chaque inspiration glace les poumons. Pourtant, je reste là, stoïque, comme pour retenir la nuit. Le lendemain matin, même sérénade, j’enfile ma parka pour profiter de cette dernière aube. Le silence de l’Arctique m’aura appris quelque chose : écouter. Ecouter mon souffle, mon cœur, le crissement de mes pas. Ici, je vis !





Clôturer une aventure
La dernière étape jusqu’à Singi est sans doute la plus facile. En léger faux plat descendant dans une large vallée, je décide alors d’enlever les peaux de mes skis pour tester la glisse ultime. C’est grisant et, en même temps, un peu stressant avec la pulka qui m’entraîne. Aujourd’hui, c’est plein soleil. Ce n’est que du plaisir. L’arrivée est proche. En effet, Singi marque la fin de notre aventure. Cela marque aussi de nouvelles rencontres faites au gré du chemin, devenues des amitiés qui restent ancrées car nous partageons cette aventure unique.
Le transfert jusqu’à Nikkaluokta se fera en moto neige. Pas de regret, le parcours n’est pas des plus intéressant. Arrivé sur place, nous retrouvons un semblant de civilisation. C’est une étrange sensation que d’abandonner la sauvagerie. Le voile d’un monde simple s’estompe. Bientôt, nous retrouverons nos quotidiens. Heureusement, je retrouverai mon Ardenne et son animalité. Je sais que quitter ces terres n’est que la promesse d’un retour. Mais avant de nous morfondre, il convient de célébrer notre aventure. Un bon repas, des bières et des aurores. Que rêver mieux ?
Cette nuit, la dernière, avant de quitter ces terres sâmes où les aurores ont dansé pour nous dans un ultime opéra d’adieu. Il n’y a rien de plus religieux que ce spectacle alors on se met à prier, non pas un dieu mais cette nature immense et infinie. On prie aussi d’avoir la force de pouvoir revivre le plus rapidement possible ce genre d’événement parce qu’il n’y a que ça qui compte : l’aventure, les rencontres et la magie d’une nature sauvage.





Mes conseils pour vivre parfaitement le King’s Trail
Préparation physique et équipement
Le King’s Trail est sans doute une des plus belles aventures proposées par Travelbase. Les étapes sont conçues pour être abordables à toute personne ayant une bonne condition physique. Cependant, le froid et l’isolement ajoute une petite touche d’extrême à cette aventure. En effet, les températures peuvent frôler les -20° voire moins et l’isolement est total. L’activité est encadrée par des guides. Ils sont là pour que votre King’s Trail se passe au mieux. Néanmoins, il convient d’avoir une bonne dose de sang froid en cas d’imprévu, compte tenu de l’éloignement et des conditions parfois hostiles.
Le Kungsleden se situe au Nord de la Laponie suédoise. L’amplitude des températures peut être impressionnante oscillant entre -30° et 0°. Il est donc important de se préparer à des conditions extrêmes. Je vous conseille de prévoir une doudoune grand froid ainsi qu’un maximum de vêtements thermiques en fibres naturelles comme la laine mérinos. En effet,son avantage, outre son pouvoir thermique, est sa thermorégulation naturelle et sa capacité à évacuer l’humidité. N’oubliez pas de prendre plusieurs paires de chaussettes thermiques afin de pouvoir les changer dès qu’elles deviennent humide. A ces latitudes, l’humidité est l’ennemi de l’aventurier.
Comme la longueur des étapes et le dénivelé sont modérés, le poids de la Pulka sera votre ennemi. Cependant, ne succomber pas au sirène de l’ultraléger car à ces latitudes, il est important d’avoir une bonne isolation (surtout lors des pauses). Et, il n’y a pas besoin d’avoir fait polytech pour savoir que légèreté et vêtement pour grand froid ne fait pas forcément bon ménage. N’hésitez donc pas à prendre une couche en plus plutôt que d’en manquer.
Il n’y a pas de mauvaises météos que de mauvais vêtements



Mon équipement pour le King’s Trail
Le matériel est toujours une affaire de compromis. Dans cette perspective, cette liste répond à mes attentes mais dépendra des besoins de chacun. De fait, la liste que vous trouverez ici est un concentré de ce que j’ai pris avec moi. Néanmoins, gardez en mémoire que le meilleur matériel est celui que vous avez eu le temps de tester. Enfin, sachez cependant que l’organisation fournit (en option) le matériel de bivouac (tente, matelas, sac-de-couchage et réchaud).
Randonnée
- Chaussures : Hoka One One Sky Kaha
- Pantalon : Fjällraven Vidda Pro
- Chaussettes : Smartwool Hike Light Cushion
- Pull en laine : Fjällraven Wool Sweater Lada
- Polaire : Fjällraven Vardag Pile Jacket
- Veste : Fjällraven Nuuk Parka
- Down jacket : Bergans of Norway Expedition Down Parka
- Sous-couche chaude : Icebreaker Oasis LS Crewe
- Surpantalon imperméable : Cimalp Advanced
- Bonnet : Fjällraven Byron
- Gants : Ergo Grip Active Glove
Bivouac
- Tente : Hilleberg Soulo
- Sac de couchage : Valandré Shocking Blue NEO
- Drap de soie isolant : Sea-to-Summit Reactor Extreme
- Matelas : Exped DURA 5R
- Réchaud : Jetboil Flash
- Couverts : Fourchette et cuillère titane “Light my Fire”
- Lampe frontale : Petzl Nao RL
Matériel photo
- Appareil Photo : Nikon Z7II
- Objectif : Nikkor Z 24-70 2.8 s
- Drone : Mavic 2 Pro

A toi de vivre ton aventure sur le King’s Trail
Le prix du King’s Trail commence à partir de €1490 par personne et inclut:
- La pulka et les skis ou raquettes
- Les nuitées en refuge
- L’encadrement par les guides Travelbase
- Parcours GPX
- Transfert Singi – Nikkaluokta en motoneige
Principales options :
- Navette aéroport : 45€ par personne/navette
- Foodpack (et set de cuisine) : 115€ pour les lyophilisés végétariens et 125€ pour les lyophilisés carnés
- Pantalon Hardshell : 70€
- Gants thermiques : 28€
Non compris :
- Trajet -> Kiruna (KRN)





